Deux filles arrêtées dans le métro de St. Pétersbourg
Bien sûr, ce n'est pas une idée fixe qui me chasse. Je ne vis pas dans le monde où "everybody's gay". Je n'ai pas d'une petite amie maintenant pour penser à ma conduite quand je suis avec elle. Mais maintenant je réfléchis un peu avant de mettre la bague sur mon pouce ou mettre un bracelet de toutes les couleurs d'arc-en-ciel. Je ne me trahis pas quand on parle des homos. Je reste neutre et je souris. Mais cela ne résout pas le problème.
Quand on venait d'adopter cette loi, je l'ai discutée avec mes amies lesbiennes. Et elles ont éludé la question. Elles ont dit : "Et alors ?" Les filles qui s'aiment et qui sont heureuses ensemble ne vont rien changer et vont s'aimer et c'est juste. Ce n'est pas trop difficile de se conduire d'une manière politiquement correcte quand on est dans un lieu public. Ne pas s'embrasser dans le métro, ne pas jouer pour la galerie. On a déjà l'habitude de cacher ses sentiments.
Et encore, on espère toujours que cette loi ne va pas marcher. Néanmoins, il marche.
Aujourd'hui on a arrêté deux filles dans le métro de Saint-Pétersbourg. Elles se tenaient étreintes dans le wagon et ce sont d'autres passagers qui ont appelé la police. On les a forcé à quitter le wagon, d'après la loi, on devait les mettre à l'amende. Basta, désormais on n'a pas le droit de serrer dans ses bras une personne de la même sexe. On n'a pas le droit d'êcrire quelque chose de positif concernant les homos. Même "les homosexuels sont aussi des êtres humains". On n'a pas le droit de regarder "La vie d'Adèle" ou lire les poésies d'Anna Akhmatova. Pas de choses qui risquent de créer une image positive de relations homosexuelles. Pas de paroles ou d'actions pour protéger les droits de LGBT. La loi marche. Et ce n'est que le début.
Les uns proposent de se cacher, de prendre le maquis et de ne pas attirer l'attention du public. Les autres appellent d'agir. On ne sait pas quoi faire; tout dépend de la durée de ce théâtre d'absurde.